Here is Father Nicolas Pinaud's response regarding the episcopal consecration of Father Pierre Roy.
IN FRENCH :
22 février 2024 Chaire de saint Pierre
Révérend,
Chaque jour, depuis plusieurs semaines, me trouve de bonnes raisons de remettre au lendemain, cette lettre que je vous ai promise.
Elle m’est pénible, mais enfin ces jours de Quatre-temps de carême m’ont permis d’y mettre un terme. La voici.
Quelle n’a pas été ma surprise, le 16 novembre dernier, lorsque vous m’avez appris, par message électronique, que vous envisagiez de recevoir l’épiscopat.
Surprise, parce que nous nous entretenions régulièrement depuis votre sortie de la FSSPX, et, pas une seule fois, vous ne m’aviez laissé soupçonner que vous envisagiez cette possibilité. Il est vrai que je ne vous ai jamais caché mon appréciation concernant tous ces sacres à répétition, qui, pour diverses raisons, ne me paraissent ni légitimes, ni sérieux. C’est peu dire !
Surprise d’autant plus étonnante que nous venions de nous rencontrer, chez vous, au New- Brunswick, quelques jours auparavant. Il me semble même que votre projet serait demeuré secret plus longtemps encore, si les réseaux sociaux ne vous avaient pas contraint de confirmer la rumeur qui commençait à circuler.
Surprise donc ! Mais rien ne vous obligeait à me tenir informé de votre projet. Vous le savez, je ne revendique aucune espèce d’autorité sur vous, ni sur personne.
Si j’ai commencé un ministère au Canada, quelque temps avant votre sortie de la FSSPX, c’est sur l’invitation répétée de quelques fidèles, et dès votre départ de la FSSPX, je n’ai poursuivi ce ministère qu’en collaboration à votre propre apostolat, parce que cela me paraissait plus conforme au sensus Ecclesiæ. Je l’ai fait savoir avec les conséquences que vous n’avez pas oubliées. Je ne l’ai pas regretté car je partageais en très grande partie votre manière de faire et de penser, pour autant que j’en avais connaissance.
Vos messages des 16 et 19 novembre dernier précisent que vous ne cherchiez pas mon approbation. Vous avez bien fait !
Vous écriviez même que « vous n’êtes pas sans partager certains de mes points de vue sur la question ». Je retrouve également cette même affirmation dans votre réponse à une lettre de
M. Louis Bérubé du 22 novembre : « bien des points pourraient être discutés dans ce que tu m’envoies. Tout n’y est pas absurde et sans fondement. » Mais, ni dans l’un, ni dans l’autre cas, vous ne soufflez mot au sujet de ces points que vous dites partager avec ceux qui ne partagent pas votre attitude.
À chaque message, également, vous signalez vouloir maintenir l’amitié ? Vous m’écrivez :
« Si vous daignez me conserver votre amitié, vous aurez la mienne, malgré nos divergences. » Vous demandiez aux amis du Québec : « Que personne donc n’aille dire que l’abbé Roy s’est séparé de l’abbé Pinaud. Ce serait faux. Peut-être l’abbé Pinaud se séparera-t-il de l’abbé Roy dans l’avenir. »
J’entends cela. Mais qu’est-ce qu’un ami pour vous ? Quelle est votre définition de l’amitié ? N’ai-je pas quelque raison de m’interroger après que vous m’ayez considéré, pendant de nombreux mois, comme « une valise », selon l’expression consacrée dans votre pays ?...
Là n’est pas l’essentiel. Venons-y.
Et pour essayer de comprendre comment vous en êtes arrivé à ce 7 janvier dernier, reprenons l’histoire de ces dernières années.
Lors de mon tout récent séjour au Québec, j’ai pu lire avec étonnement sur l’une de vos images d’ordination au Diaconat, une citation de S. S. Benoît XVI : « N’ayez pas peur de donner votre vie au Christ ! Rien ne remplacera jamais le ministère des prêtres au cœur de l’Église ! Rien ne remplacera jamais une Messe pour le Salut du monde ! »
S’il n’y a, sans doute, rien à redire à ces quelques mots, cette façon d’agir devait être significative d’un état d’esprit, le vôtre, en juin 2010.
Cet état d’esprit n’a jamais été le mien.
Après ma détention à Jaidhof et mon procès ecclésiastique qui me déclara suspens a divinis, je fus invité au Québec, comme je vous le disais, par des fidèles qui m’avait connu une vingtaine d’années auparavant.
Le 7 avril 2014, à l’une de ces fidèles qui avait eu la malheureuse idée de m’inviter chez elle, et d’y réunir quelques amis, vous adressiez le message suivant. Il est long, par votre faute, mais sa relecture, aujourd’hui, n’est pas sans intérêt.
Le voici :
« Je suis extrêmement déçu de votre attitude. Je suis au courant que vous recevrez l’abbé Pinaud chez vous mardi midi. Je ne peux pas vous empêcher de faire ce que bon vous semble, mais je suis déçu que vous organisiez quelque chose dans mon dos. J’ai été bien franc avec vous, vous expliquant que je partageais certaines de vos inquiétudes. Je me serais attendu à plus de franchise de votre part.
« Je veux bien croire que l’abbé Pinaud a subi un procès injuste, encore que je n’en ai pas la preuve et que ça ne m’intéresse pas. Ce qui compte pour moi c’est ce que disent et font les autorités de la FSSPX publiquement. Quand on subit une injustice de ses supérieurs, on répond au mal par le bien en se disant qu’on recevra la couronne pour les souffrances qu’on a subies. Mais se promener et raconter son procès (sans que la FSSPX ait en contrepartie la possibilité de suivre l’abbé Pinaud partout où il va raconter ses malheurs pour se défendre) me semble répondre au mal par le mal.
« La chapelle de Sherbrooke était jusqu’à présent paisible et confiante. Je me sens responsable devant Dieu de l’âme de mes chers fidèles, et ne manquerai pas de réagir le jour où je crois que la FSSPX prend franchement un mauvais chemin, et je vous l’ai promis. Quel besoin de faire venir l’abbé Pinaud et de lui donner la possibilité d’exciter la méfiance et le doute dans les âmes des fidèles dont j’ai la charge ?
« Vous feriez certainement mieux de vous préparer à bien mourir et ne pas vous couvrir de la responsabilité de ces doutes, méfiances, médisances et calomnies qui suivront vos actions et pour lesquelles vous devrez répondre devant Dieu. Quelle folie de terminer une vie constructive, après avoir donné un prêtre à l’Église et élevé vos enfants dans la foi, par ces actions empreintes de cachotteries, de méfiance et de doute. »
« ... car s’ils ne faisaient point le mal, ils ne haïraient pas ainsi la lumière ».
Clément XII.
« Encore une fois, vous êtes libre de ce qui se passe chez vous, mais n’oubliez pas que vous êtes responsable de sauver votre âme, et non de régler les problèmes de la Fraternité. En jouant sur ce tableau, vous ne vous attirerez qu’un jugement plus rigoureux et un purgatoire plus long.
« Que Dieu vous éclaire et touche votre cœur. Abbé Roy »
À l’époque, j’avais déjà vécu, c’est pourquoi votre jeunesse et votre fraîcheur m’avaient amusé !… Je ferai d’autant moins de commentaire que deux ans plus tard, « les écailles vous étant tombées des yeux », vous veniez m’accueillir à l’aéroport de Montréal !
La suite est connue.
Sur mon incitation vous avez rejoint l’USML. Expérience malheureuse qui a révélé les cœurs. Je conserve votre correspondance avec Mgr Williamson. Elle est à votre honneur.
Après la suppression de l’USML, notre collaboration fut régulière et agréable jusqu’à mon séjour de mars 2020, écourté en raison de la situation géopolitique.
Nos relations téléphoniques et numériques régulières ont fini par s’espacer, surtout lorsque j’ai constaté que vous aviez invité Mgr Rodrigo Ribeiro da Silva, pour administrer les confirmations chez vous, sans m’en informer, jamais.
Ceci m’indiquait qu’une divergence s’installait entre nous ; mais je m’expliquais votre silence par le fait que vous n’ignoriez pas mes réticences au sujet de celui qui fut le premier prêtre de la SAJM. Je vous avais fait part des informations qui m’étaient parvenues sans que je les recherche d’aucune manière.
Quelles étaient ces informations ?
Il se trouve que le Supérieur des dominicains d’Avrillé m’avait fait connaître de quelle manière M. l’abbé Ribeiro da Silva était devenu prêtre.
Son grave manque de formation ecclésiastique m’avait conduit à lui attribuer ce qualificatif de « six-sur-vingt » pour illustrer ses compétences intellectuelles. Cette appellation, vous le savez, ne se voulait pas précise : était-ce 6/20 ou 4/20 ou même 8,5/20 ? Qu’importe ! Elle voulait seulement illustrer une carence grave…
Un confrère, à qui j’avais transmis ces informations, voulut vérifier mes paroles auprès de Mgr Faure, le directeur du séminaire de la SAJM. Ce dernier lui confirma, que cette ordination était, en effet, très regrettable. Il lui précisa même que cette ordination pouvait être reprochée aux trois évêques (lui-même, Mgr Faure, directeur du séminaire, Mgr Thomas d’Aquin qui avait présenté M. l’abbé Ribeiro da Silva à l’ordination, et Mgr Williamson qui l’avait ordonné) 1.
Vous n’en ignorez rien puisque nous nous sommes entretenus à plusieurs reprises de tout cela et du reste…
Les dominicains d’Avrillé n’ont pas changé d’avis, puisqu’il y a quelques mois, le Supérieur confirmait cette déficience intellectuelle à l’un de vos frères, et il ajoutait même : « pas seulement intellectuelle… »
Malgré cette formation restreinte, le séminariste Ribeiro da Silva, fut ordonné prêtre le 23 décembre 2017. Pour quelle raison ? Peut-être pour se donner l’illusion d’exister…
À peine quatre ans plus tard, ce jeune prêtre, à la formation déficiente, devenait évêque par l’entremise de Mgr Dolan, qui, étrangement, le sacrait le 29 septembre 2021.
Quelques mois plus tard, vous invitiez ce tout jeune évêque à administrer la confirmation à vos fidèles et à conférer la tonsure à un ex-frère de la FSSPX qui vous avait rejoint.
Certes, je suis bien placé pour connaître l’ostracisme mesquin des évêques de la dite « résistance » à notre égard, mais votre choix m’étonna. Puisque vous décidiez de vous tourner vers un épiscopat sédévacantiste, pourquoi vous adressiez-vous à ce dernier-né… avorton, au parcours suspect ?
Ce n’est pas parce que certains perdent la tête et font n’importe quoi, qu’il faut les imiter !
Votre initiative avait inquiété M. l’abbé Dutertre qui s’était permis d’attirer votre attention. Vous m’aviez transmis cet échange que vous aviez eu avec lui à ce sujet. Il n’est pas inintéressant, aujourd’hui, de le relire.
Le 28 mai 2022, M. l’abbé Dutertre vous adressait un message qui s’achevait par le post- scriptum suivant :
« J’ai entendu dire que vous feriez venir Mgr Da Silva au Canada. Je ne peux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais je voulais charitablement vous prévenir à son égard qu’il n’a pas reçu de formation sacerdotale adéquate, au cas où vous ne le
1 Cf. SUC n° 34 p. 437 ; n° 42 p. 10 ; n° 48 p. 2.
saviez pas. Je ne le savais pas moi-même quand je l’ai rencontré il y a trois ans. Mais des brésiliens nous en ont averti, et après avoir contacté Avrillé et le monastère de Santa Cruz, force est de constater que sa formation sacerdotale se résume, à proprement parler, à un an passé à Avrillé. Il s’agit d’une année de spiritualité. Le Père Innocent-Marie m’a confirmé que lors de cette année l’abbé Da Silva suivait des cours de spiritualité et de catéchisme ; et qu’il s’y est révélé beaucoup trop faible, au point que les pères ont dit à Mgr Faure qu’ils ne pouvaient pas envisager de continuer à le former en vue du sacerdoce. En été 2016, il rentre donc au Brésil, après une année de spiritualité non validée.
Oui, il a été moine novice auparavant, mais jusqu’à preuve du contraire force est de constater qu’il n’a alors encore reçu aucune formation de philosophie ou de théologie. Comment pourrait-il être prêt à être ordonné prêtre en décembre 2017 ?
Mgr Thomas d’Aquin m’a confirmé qu’entre le moment où il a quitté Avrillé et le moment de son ordination par Mgr Williamson en 2017, aucun prêtre ne s’occupait de donner une quelconque formation à l’abbé Da Silva.
Comment il a pu être ordonné reste un mystère, et c’est certainement une question délicate au sein de la « résistance », je n’ai pas voulu trop insister… Sa consécration épiscopale est un autre mystère du même genre, malheureusement.
Mais Mgr Williamson a à cette occasion publié une lettre publique où il déclarait regretter de l’avoir ordonné prêtre, et suppliait Mgr Dolan de ne pas consacrer l’abbé Da Silva évêque.
Voilà ; comme je l’ai dit, je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, et je ne cherche pas à vous « diriger. » Je pensais seulement qu’il était de mon devoir de vous en avertir, au cas où vous n’étiez pas au courant de ce problème.
Mais visiblement l’abbé Pinaud doit le savoir, puisque quelqu’un m’a dit qu’il le surnommait « Monseigneur six sur vingt » (ça reste à vérifier, ce point n’est qu’une rumeur…).
Jusqu’à présent, nous n’avons pas rendu ce problème public, parce que c’est un problème délicat, lié à la réputation de beaucoup de monde. Je compte donc sur votre discrétion. »
Le temps de la discrétion me semble dépassé ! Je suis plutôt disposé à suivre le conseil de saint Matthieu, X, 27.
Ce qui m’étonne, aujourd’hui, c’est la réponse que vous avez adressée, le jour même, à M. l’abbé Dutertre. L’auriez-vous oubliée ?
La voici :
Merci M. l’abbé, […]
Pour Mgr Ribeiro da Silva, je comprends vos réserves. J’étais quelque peu au courant de cette situation. Mgr Morello devait venir confirmer mes fidèles, mais comme vous le savez, il est décédé entre temps.
En ce qui nous concerne, nous avons probablement environ 70 fidèles à confirmer et le futur est incertain. J’ai donc fait appel à Mgr Ribeiro da Silva poussé par la nécessité. Mais comme je n’ai jamais voulu m’affilier à quelque groupe que ce soit, Mgr Ribeiro vient donner les sacrements et rentre chez lui. Il ne s’agit donc pas d’une affiliation ou quoi que ce soit du même genre. Je risque tout au plus quelques imprécisions en sermon. Je considère donc que le risque demeure faible et qu’il y a proportion entre la nécessité dans laquelle nous sommes et les risques encourus. J’ose espérer que les sacrements agiront ex opere operato.
Il est en effet mystérieux que Mgr Williamson (qui a ordonné), Mgr Faure (qui a promu), Mgr Thomas d’Aquin (qui ne s’est pas opposé) et Mgr Dolan (qui a consacré), battent tous leur coulpe après coup, à l’exception de Mgr Dolan qui n’est plus là pour battre la sienne, après avoir tous agi avec plein usage de leur raison autant que nous puissions le savoir. Comme quoi l’épiscopat ne semble pas aujourd’hui une sûre garantie…
Je finirai par penser comme l’abbé Pinaud qu’aujourd’hui l’épiscopat rend fou… Je n’ai jamais vu cette lettre publique de Mgr Williamson. Si vous avez un lien, je
suis intéressé.
Bien à vous !
Vous en étiez là le 28 mai 2022 à 20h32 – soit 18 mois avant le message que vous m’adressiez le 16 novembre 2023 à 21h05 et dans lequel vous me révéliez : « Il va sans dire que cette décision a été discutée pendant un an et demi. »
Vous faites bien de le dire… c’est encore plus clair en le disant ! Je suis perplexe ! Est-ce double jeu de votre part ?
Le 28 mai 2022 vous écriviez à M. l’abbé Dutertre : « Mais comme je n’ai jamais voulu m’affilier à quelque groupe que ce soit, Mgr Ribeiro vient donner les sacrements et rentre chez lui. Il ne s’agit donc pas d’une affiliation ou quoi que ce soit du même genre. Je risque tout au plus quelques imprécisions en sermon. »
En novembre 2023 vous écrivez à vos fidèles que vous vous reconnaissez (et vos fidèles avec vous) sous l’autorité de Mgr Ribeiro da Silva depuis qu’il est venu administrer la confirmation :
« Vous avez reçu la visite de Mgr Ribeiro da Silva avec joie. Vous avez reçu son autorité spirituelle en recevant de ses mains le sacrement de Confirmation. Vous lui avez confié vos âmes avec bonheur. Mgr da Silva, après mûre réflexion, a jugé nécessaire de franchir un pas de plus pour nous assurer les sacrements de l’Église et nous y voyons l’amour qu’il porte à nos âmes. Ayez la bonté de recevoir sa décision avec la même Foi et le même empressement que vous l’avez reçu lui-même. »
« Comme vous l’avez appris, Mgr Ribeiro da Silva a pris la décision d’élever à l’épiscopat l’abbé Fernando Altamira pour la Colombie et moi-même pour le Canada. »
J’ai lu avec consternation la lettre de Mgr Ribeiro da Silva du 16 novembre 2023 aux Fidèles du Canada. La suffisance ridicule qu’elle manifeste m’a fait sourire, me faisant penser à ces jeunes enfants qui jouent à la messe… lui, il joue à l’évêque – à moins qu’il ne joue au pape lui-même.
« J’ai l’intention de consacrer l’abbé Pierre Joseph Roch Roy à l’épiscopat. …c’est un bon prêtre de solide doctrine, pour cette raison, je juge qu’il est convenable qu’il soit élevé à l’épiscopat. »
Est-il bien compétent pour porter un tel jugement ?
Mais que s’est-il bien passé dans votre esprit depuis le 28 mai 2022 : « Mais comme je n’ai jamais voulu m’affilier à quelque groupe que ce soit, Mgr Ribeiro vient donner les sacrements et rentre chez lui. » ?
Laissons là ce minus-habens-boursoufflé, un sot-vaniteux-et-vêtu qui discrédite ce qu’il touche.
Je ne sais comment il a réussi à dérober l’épiscopat et faire de vous son receleur !
Vous n’avez rien dit de la déclaration du 18 novembre 2023 de Mgr Mc Guire qui dénonce votre consécration envisagée par son propre consécrateur, mais je note qu’elle manque gravement d’objectivité lorsque cette déclaration affirme : « Bishop Dolan, who was always prudent and cautious in the matter of episcopal consecrations… » !
Vos messages des 16 et 19 novembre derniers précisent que vous ne cherchiez pas mon approbation. Vous connaissiez en effet, d’une part, mon appréciation sur l’évêque qui vous a sacré – le SUC ne s’en est jamais caché – et, d’autre part, mes réticences sur la lignée Thuc.
Vous avez contesté mon accusation de malhonnêteté, mais je maintiens qu’il n’est pas honnête de dire à ses fidèles :
« Pour ceux qui ne savent pas, Mgr Thuc est un évêque qui a, comme Mgr Lefebvre, bien que dans des circonstances différentes, consacré des évêques après la crise de Vatican II. C’est dans cette lignée de Mgr Thuc que je serai consacré. Certains ont leurs craintes par rapport à la validité de cette lignée. »
Mes craintes demeurent et vous n’avez pas su les apaiser malgré votre affirmation :
« Comme vous pouvez le penser, j’ai étudié cette question avant de recevoir Mgr da Silva avec nous et avant bien sûr d’accepter la consécration. »
Par contre j’ai admiré l’énergie que vous avez déployée depuis l’annonce de votre sacre pour prouver la validité de cette lignée et je me suis convaincu que tant d’efforts n’étaient pas en faveur de l’évidence !
En consultant récemment le site Socieda de Santa Maria, j’ai cru comprendre que votre confrère Altamira se débattait lui aussi, encore actuellement, sur cette « sempiternelle question de la validité des lignées Thuc » comme vous l’appelez ! Ce n’est pas rassurant.
Mais je ne vous cache pas que la légèreté avec laquelle vous avez essayé d’écarter les objections m’a étonné pour « quelqu’un qui a étudié cette question ».
Vous vous réfugiez derrière le travail de M. l’abbé Cekada que vous résumez par le raccourci suivant : « Il reste que ce qui est requis pour la validité d’un sacrement, c’est que le fait que la cérémonie a eu lieu et que le pontifical romain a été utilisé puisse être démontré, ce qui a été amplement démontré. »
Et j’ai bien noté, comme le précise M. l’abbé Cekada, qu’« une consécration épiscopale valide ne prend que 15 secondes environ. C’est à peu près la durée nécessaire à un évêque pour l’imposition des mains sur la tête d’un prêtre et la récitation des 16 mots de la formule requise par l’Église pour la validité. »
C’est peu, en effet ! C’est rassurant. Cela vous a-t-il convaincu ?
Peut-être était-ce envisageable jusqu’au sacre récent de M. l’abbé Pfeiffer qui nous a prouvé qu’une cérémonie peut avoir lieu, qu’un pontifical romain peut être utilisé… et que malgré cette apparence, il ne se passe rien !
En effet, « la cérémonie eut lieu… le pontifical romain fut utilisé… » mais il fut prouvé, dans l’heure qui suivit la diffusion de la vidéo du sacre, … que le sacre était nul 2 !
L’abbé Pfeiffer précisa, dès le lendemain, qu’il avait été sacré « de nouveau » la veille, mais aucune vidéo ne fut diffusée, cette fois…
« Les 15 secondes et les 16 mots n’avaient pas fonctionné »… mais heureusement la
cérémonie et le Pontifical avaient été filmés !
Une vidéo que vous invoquez pour valider l’ordination sacerdotale de M. l’abbé Bruno Schaeffer par Mgr Thuc.
Mais une vidéo qui n’existe pas pour le sacre du P. Guérard des Lauriers.
Attardons-nous brièvement sur Mgr Thuc qui n’ « est » pas « un évêque qui a, comme Mgr Lefebvre, bien que dans des circonstances différentes, consacré des évêques après la crise de Vatican II » comme vous voulez le faire croire. Tout simplement parce que Mgr Thuc n’a rien de comparable avec Mgr Lefebvre.
Vous écriviez aux amis du Québec :
2 https://
« Si les questions suivantes m’avaient été posées :
Mgr Thuc est-il un homme qui a toujours agi prudemment ? - J’aurais certainement répondu NON, comme je le crois, tous mes confrères.
Mgr Thuc a-t-il fait des erreurs ? - J’aurais certainement répondu OUI, comme je le crois, tous mes confrères.
Mgr Thuc était-il un homme influençable, facile à manipuler ? J’aurais certainement répondu OUI, comme je le crois, tous mes confrères.
Certains des hommes consacrés par Mgr Thuc se sont-ils fourvoyés ? Sont-ils devenus schismatiques ? J’aurais répondu OUI, comme je le crois tous mes confrères, et Mgr Thuc lui-même. »
Qu’appelez-vous : « manque de prudence », « erreurs », « manipulation » ? Pourquoi cette indulgence ? Ce n’est pas l’habitude du milieu sédévacantiste ordinairement ardent à relever les faiblesses. En réalité, les actes coupables, qui sont reprochés à Mgr Thuc, méritent des qualifications autrement plus graves, me semble-t-il.
En voici un petit échantillon, pour ne pas trop allonger cette lettre :
Entre le 1er et 11 janvier 1976, Mgr Thuc a procédé à de multiples ordinations et consécrations épiscopales à Palmar de Troya au mépris de toutes les règles de l’Église.
La plupart des protagonistes étaient de simples laïcs dépourvus de toute formation et étaient inaptes canoniquement et moralement au sacerdoce et à l’épiscopat.
Contrairement à l’histoire officielle, Mgr Thuc était en contact avec Clemente et ses acolytes depuis quelques années.
Par ces parodies d’ordinations et de sacres (en contrepartie d’une forte rémunération de la part de Clemente), Mgr Thuc s’est rendu coupable d’actes particulièrement graves et sacrilèges qui lui ont fait encourir les sanctions canoniques les plus graves. Ces sanctions dont il fut frappé ipso facto n’ont été levées par aucune autorité.
Ni avant, ni pendant, ni après le concile Vatican II, Mgr Thuc n’a mené de combat public contre le modernisme, les nouveaux sacrements, l’Église conciliaire, etc.
Et vous écrivez tranquillement aux amis du Québec :
« Pour ceux qui ne savent pas, Mgr Thuc est un évêque qui a, comme Mgr Lefebvre, bien que dans des circonstances différentes, consacré des évêques après la crise de Vatican II. C’est dans cette lignée de Mgr Thuc que je serai consacré. Certains ont leurs craintes par rapport à la validité de cette lignée. »
Vous n’êtes pas honnête.
Cette « sempiternelle question de la validité des lignées Thuc » vous occupe tellement que vous en oubliez tout le reste. Car il n’y a pas que la validité qui importe en ce qui concerne les sacrements. La validité de la consécration dans une messe-noire serait-elle suffisante pour permettre d’y communier ?
La remarque du Père Noël Barbara du 24 juin 1983 vaut la peine d’être entendue : « si les sacres de Guérard, Carmona et Zamora sont valides (ce qui reste à établir en prouvant que ce malheureux Thuc était vraiment en possession de ses facultés mentales) ils sont illicites et chaque fois que leurs bénéficiaires les exercent, ils multiplient les sacrilèges. Il y a donc interdiction sous peine de péché grave pour les fidèles de recourir à leur ministère en dehors du péril de mort. »
Vous avez résumé l’essentiel de votre argumentation dans une liste qui se voulait peut-être impressionnante :
« - Mgr Thuc a-t-il consacré validement Mgr Guérard des Lauriers et Mgr Carmona ? - Je réponds OUI, comme l’écrasante majorité des confrères qui ont étudié la question, Mgr de Castro Mayer, le Père Barbara et la Rome moderniste elle-même (non pas que cette dernière ait beaucoup de poids).
Lorsque Mgr Dolan est venu au Québec, les fidèles avaient-ils devant eux un évêque validement consacré ? - Je réponds OUI, comme l’écrasante majorité des confrères qui ont étudié la question.
Lorsque Mgr Sanborn est venu au Québec, les fidèles avaient-ils devant eux un évêque validement consacré ? - Je réponds OUI, comme l’écrasante majorité des confrères qui ont étudié la question.
Lorsque l’abbé Dutertre, l’abbé Ercoli, l’abbé Saunders, sont venus ou viennent au Québec, étions-nous en présence de prêtres validement ordonnés ? - Je réponds OUI, comme l’écrasante majorité des confrères qui ont étudié la question. »
Toute votre assurance tiendrait-elle dans cette « écrasante majorité des confrères qui ont étudié la question » ? Elle me semble bien légère cette « écrasante majorité des confrères qui ont étudié la question » !
Depuis quand la réalité serait-elle d’abord affaire d’une « écrasante majorité » ?
Ma lecture quotidienne de Louis Veuillot me rappelait ces derniers jours qu’ « Il s’en trouve toujours, et beaucoup, pour écouter ce qui n’est pas sage, croire ce qui n’est pas vrai, faire ce qui n’est pas bon, admirer ce qui n’est pas beau. »
Votre argumentation me fait souvenir d’une remarque du Sel de la Terre dans un petit article du n° 110 p. 183, intitulé : Le Pape est-il évêque ? La Revue, qui envisage la possibilité que le pape ne serait pas même évêque, en raison de la nullité de son sacre, rapporte que certains ne peuvent imaginer une telle possibilité au motif que les conséquences seraient impensables !
« - Ainsi donc tous les évêques actuellement en exercice (il y a peut-être quelques évêques sacrés avant 1968 encore vivants, mais vu leur âge ils sont sûrement retirés) seraient douteusement évêques ! Et tous les prêtres ordonnés par eux seraient douteusement prêtres ! C’est impensable !
- La question n’est pas de savoir si c’est « pensable » ou non, mais de savoir si c’est vrai ou faux. Or, comme nous venons de le dire, le caractère douteux des ordinations sacerdotales a été admis de façon générale pendant plusieurs dizaines d’années par les meilleurs représentants de la Tradition.
C’est l’effet que me fait votre « écrasante majorité des confrères qui ont étudié la question ». Votre liste est apparemment longue, mais sa longueur ne fait rien à l’affaire – sans compter ceux, parmi les noms cités, qui ont radicalement changé d’avis au cours des années…
Et puis cette « écrasante majorité des confrères qui ont étudié la question » est-elle vraiment crédible ?
J’en doute lorsque je constate avec quelle désinvolture vous considérez le témoignage de
M. l’abbé Jenkins 3 : « Quant à la SSPV (abbé Jenkins), il suffit de connaître leur parti pris contre tous leurs confrères et l’isolement total dans lequel ils vivent pour comprendre que leurs accusations sont très partisanes. »
Je comprends que ceux qui tirent leur ADN de la lignée Thuc défendent leur généalogie mais ils me font penser à tous ces médecins qui intervenaient, il n’y a pas si longtemps encore,
3 M. l’abbé Jenkins est l’un des trois (avec les abbés Dolan et Sanborn) qui sont allés enquêter auprès des professeurs Hiller et Heller, organisateurs et uniques témoins du sacre du Père Guérard des Lauriers. Il vient de révéler que les enregistrements de l’entrevue avec les deux professeurs allemands sont conservés. Les quatre conférences suivantes ne peuvent pas être écartées d’un revers de main.
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sur les plateaux de télévision, pour vanter la validité des vaccins ! Le conflit d’intérêt est trop flagrant pour inspirer confiance !!
Les paroles suivantes de M. l’abbé Jenkins 4, au sujet du sacre du P. Guérard des Lauriers, ne peuvent pas laisser indifférents :
« … que la cérémonie fut accomplie, personne ne conteste ce fait, ni Mgr Kelly, ni moi, ni l’abbé Sanborn quand il était absolument contre ces choses ! qu’il condamna et idem pour l’abbé Cekada quand il était absolument opposé à ces choses - les abbés Sanborn et Cekada étaient ceux qui condamnaient le plus vivement (ce sacre) et de toutes les manières – arguant :
« nous ne pouvons en rien avoir affaire avec tout ça, tellement c’est sordide ». Nous autres étions plus mesurés que ces deux-là qui tapaient sans cesse sur ces sacres dont ils se distançaient absolument, et les voir passer d’un extrême à l’autre, littéralement, est stupéfiant à observer, et assez désolant ! Maintenant ils les justifient tous les deux, et condamnent ceux qui ne le font pas !
[…]
« L’abbé Sanborn résuma cela il y a des années en disant : « C’est simplement trop sordide. » Pour ma part, je trouve que d’autres termes conviendraient mieux : Non seulement cette affaire est sordide à cause de toute la chicanerie qu’on y constate, mais : « d’une validité douteuse et certainement pas catholique ! »
Celui qui qualifiait de « sordide » l’action de Mgr Thuc, devenait évêque de cette même lignée, dix ans plus tard ! Comment concilier une telle incohérence ?
Quand on « a étudié cette question », comme vous dites l’avoir fait, il ne faut pas dissimuler ces attitudes contradictoires, mais en rendre compte et les expliquer autant que possible.
Vous invoquez l’autorité de Mgr de Castro-Mayer. Elle n’est pas méprisable en effet. Mais qu’a dit exactement Mgr de Castro Mayer ? Ne répétez-vous pas seulement, ce qu’il vous plaît d’avoir entendu « d’une écrasante majorité » de perroquets ?
Ce que rapporte M. l’abbé Jenkins au sujet de cet hypothétique assentiment de Mgr de Castro Mayer ne semble pas ce que vous laissez croire 5…
Il m’a semblé également très malvenu, de votre part, d’écrire aux Amis du Québec :
« Une de ces différences – entre Mgr Lefebvre et Mgr Thuc - est qu’à la question qui est posée au début de la cérémonie de consécration : « Avez-vous le mandat romain ? », la Fsspx a répondu : « Oui, nous l’avons », alors que lors des consécrations de Mgr Thuc, à la même question, la réponse fut : « Non, nous ne l’avons pas, puisque le siège de Rome est vacant, occupé par l’ennemi », ce qui paraît plus honnête et justifie bien davantage des consécrations sans le mandat romain. »
Ne me dites pas que vous ne comprenez pas le sens de ce mandat romain que la FSSPX affirmait posséder ! Quant à affirmer la cohérence de Mgr Thuc à l’occasion du sacre du Père Guérard, soit vous n’avez pas étudié la question malgré ce que vous dites, soit vous êtes devenu vous-même partisan.
Je disais : très malvenu, de votre part, d’écrire cela, parce que, en juin 2010, vous en étiez encore à apposer une citation de Benoît XVI sur votre image d’ordination au diaconat. Ce n’est pas banal.
Rien de cela n’est sérieux. Et vous ne l’êtes pas non plus lorsque vous laissez croire aux amis du Québec que M. l’abbé Rioult vous soutient inconditionnellement : « Je ne suis d’ailleurs
4 https://
5 Cf. https://
[à partir de 31’50’’]
pas dépourvu de tout soutien sacerdotal dans ma décision. L’abbé Rioult m’écrivait naguère 6, me disant qu’il comprend que ma décision a dû être difficile à prendre, qu’il me souhaitait bon courage, et me disait qu’il souhaitait que je vienne soutenir son ministère en donnant les Confirmations chez lui lorsque ce sera nécessaire. »
Le 12 décembre dernier, je me suis entretenu brièvement avec M. l’abbé Rioult des conditions de votre sacre. Il a rapidement conclu en me disant. « La situation sent mauvais, mais l’abbé Roy recevra l’épiscopat avec une pince à linge sur le nez ».
Ce raccourci m’a paru dépeindre assez bien la situation. Je retiens la formule. Après l’évêque « roue de secours », seriez-vous l’évêque « pince à linge sur le nez » ?
Rien dans l’attitude que vous avez eue dans cette affaire ne m’inspire confiance.
Ce silence et la solitude dans lesquels vous vous êtes enfermé défient les règles du discernement des esprits.
« Nous sommes bien seuls devant certaines décisions qui engagent notre éternité et le salut de nos frères… Et pourtant quelquefois ces décisions doivent être prises et nous ne pouvons rien faire pour y échapper, y étant forcés par les circonstances dans lesquelles le Seigneur nous place. »
Je préfère les évêques acclamés par le peuple et je n’oublie pas qu’à chacune de mes ordinations majeures, - conformément au rituel - le Pontife a demandé aux fidèles s’ils n’avaient pas d’objection à mon ordination.
Une décision à prendre, surtout si elle est grave, ne dispense jamais de prendre conseil. S’il n’est pas prudent parfois d’écouter les avis, vous, vous n’avez pas même voulu les entendre, sinon, seuls, ceux qui abondaient dans votre sens. La possibilité d’un danger d’illusion ne semble pas même vous avoir effleuré l’esprit. Est-ce le plus sûr moyen d’échapper à toute volonté propre d’indépendance ?
Mgr Lefebvre annonça publiquement les sacres un an à l’avance, aux ordinations de juin 1987, puis il réunit les supérieurs des communautés amies pour solliciter leur avis. Après les sacres, il remerciera, par écrit, la Mère Anne-Marie Simoulin d’avoir été l’un de ses principaux soutiens et conseils dans cette décision. Vous, vous n’avez même pas dit un mot à votre sœur religieuse lorsqu’elle vous visita l’été dernier.
Dans son bulletin de l’automne 2023, M. l’abbé Delagneau qui réagissait au sacre secret de M. l’abbé Paul Morgan, révèle que : « Mgr Lefebvre, avant de prendre cette très grave décision pour le bien de l’Église, a fait - pendant un an - une heure d’adoration, de minuit à une heure du matin, pour demander les lumières du ciel. Il n’y a pas eu de précipitation, tout était surnaturel. » Vous, vous m’expliquez la décision de votre sacre de la manière suivante dans vos messages des 16 et 19 novembre 2023 : « Il va sans dire que cette décision a été discutée pendant un an et demi. Après moult hésitations, ce n’est que la semaine dernière, au moment de votre
départ, que la décision finale fut prise.
« ... En réalité, les choses se sont passées d’une façon assez inattendue. Alors qu’il avait été convenu de remettre à plus tard (sine die ?) une consécration qui avait été jugée nécessaire auparavant en raison des circonstances que vous connaissez, Mgr da Silva m’a fait part de ses intentions le jeudi soir après que nous nous soyons quittés, me disant que la cérémonie de consécration de Mgr Altamira était prévue pour le 7 janvier et qu’il désirait que je sois consacré en même temps, certains obstacles dont il serait trop long de discuter étant levés.
Malgré le fait que j’avais accepté sa demande dans le passé, je lui ai demandé de me laisser jusqu’à dimanche pour repenser à tout ça. »
Est-ce sérieux ?
Je ne vous le cache pas, vous m’avez paru puéril et un brin courtisan dans cette affaire.
6 Vous faites allusion à son message de 15 mots, sans en-tête, du 17 nov. 2023 qui accuse réception de l’annonce de votre sacre. J’ai publié ce message de soutien dans le SUC n° 59 p. 587 de janvier 2024 – qu’on en juge !
En en-tête de votre lettre aux Fidèles, vous avez évoqué l’esprit de sobriété (II Tim., I, 7)
… quel contraste avec les barrettes et les ceintures à pompons dont vous vous parez désormais ! Si l’habit faisait le moine, un tel plumage ne laisserait, en effet, aucun doute sur la validité !
Enfin pour terminer, lorsque vous exposez les motifs qui légitimeraient la nécessité, pour vous, de recevoir l’épiscopat, en raison de l’importance de votre apostolat, vous me donnez l’impression de mettre la charrue avant les bœufs ou d’être abusé par un mirage.
Ma succession, dites-vous… depuis quand les prêtres parlent-ils de leur succession ?
Mes Km… combien en faut-il pour nécessiter l’épiscopat ?
La situation politique et religieuse… votre épiscopat n’y changera rien, très probablement !
Les nouveaux fidèles… laissez-les venir !
Les jeunes qui me rejoignent… celui à qui vous avez fait remettre la soutane, vous a quitté quelques semaines plus tard. Les deux qui vivent auprès de vous, actuellement, sont bien nouveaux pour légitimer que vous receviez l’épiscopat.
Les frontières fermées…
Etc., etc.,
La matière n’est pas épuisée, loin de là, mais je ne veux pas prolonger, car cette lettre est déjà trop longue.
Tout ce déballage, que vous étalez sous nos yeux, me fait penser à la parabole de saint Luc, XII, 16 et ss. :
« Il y avait un homme riche, dont le domaine avait beaucoup rapporté. Et il réfléchissait, se disant : Que vais-je faire ? Car je n’ai pas où entasser mes récoltes. Et il dit : Voici ce que je vais faire : j’abattrai mes greniers, j’en construirai de plus vastes, et j’y entasserai tout mon grain et tous mes biens. Et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour de nombreuses années ; repose-toi, mange, bois, réjouis-toi ! Mais Dieu lui dit :
Insensé !... »
Rien ne légitimait cet épiscopat illégitime et douteux.
Révérend, le 7 janvier dernier, vous avez ouvert une mauvaise porte qui vous conduit sur une fausse route, et sur ce chemin, je ne ferai pas un seul pas avec vous.
L’évolution, qui a été la vôtre ces quinze dernières années, laisse présager qu’elle ne s’arrêtera pas là.
Je vous tire ma révérence.
P.S. - vous connaissez le contrat qui me lie à M. Léo L.. En conséquence je vous serai reconnaissant de me faire parvenir la RISS à laquelle vous pourriez joindre la soutane et les livres (contenus dans la petite valise en cuir noir) qui sont à Saint-Charles-de-Bellechasse. Les autres ouvrages je vous les donne et les vêtements qui restent peuvent être brûlés. Évidemment je vous réglerai tous les frais liés à cela.